Romans Adolescents
C’est en rencontrant Jeanne Bénameur écrivain et créatrice de la collection D’une seule voix chez Actes Sud Junior que l’idée de ce court roman est née. Nous parlions entre deux signatures de ces textes fondateurs qu’on écrit à l’adolescence alors qu’on ne se sait pas encore écrivain. Je lui racontais que j’avais décrit dans un texte à l’âge 15 ans une nuit d’amour. (A un âge où à part dormir avec mon nounours, je n’avais pas vécu grand chose.) Mais retrouvant ce texte quinze ans plus tard, je n’avais rien à y ajouter. Ce qui est était un brin vexant et drôle aussi. Jeanne me demanda de réécrire cette nuit en y ajoutant une romance et surtout sans la relire. Ce que je fis.
Ensuite je leur proposai un autre monologue, Cassée.
Un peu plus tard, sollicitée par Actes Sud Junior pour écrire un roman adolescent, je demandai à Hubert Nyssen ce qu’était selon lui la définition d’un roman adolescent. Il me répondit sans hésiter, c’est un roman pour adultes mais mieux écrit !
La collection d’une seule voix:
« La collection est née en 2007 sur une idée de Jeanne Benameur qui l’a ensuite dirigée avec Claire David .
Jeanne Benameur
J’ai toujours pensé que le monologue intérieur était justement adapté à l’adolescence, cet âge où on oscille entre le silence derrière la porte close et le cri jeté. C’est un âge où la parole a besoin de trouver son souffle, son chemin. Une parole forte, le plus souvent née d’une émotion contenue. La difficulté avec le monologue intérieur, c’est qu’il se situe sur un territoire d’écriture particulier : ce n’est pas un récit à la première personne même si on y “raconte” quelque chose ; c’est une forme exigeante – courte car l’intense ne peut pas s’étaler – qui doit garder le souffle juste, tout en acceptant le cheminement d’une pensée qui cherche à exister hors du silence. Pour en faire une émotion partageable. Les auteurs sont libres des sujets qu’ils veulent aborder. Ce qui nous intéresse, c’est la justesse et la singularité d’une écriture.
Claire David
Créer “D’une seule voix” a permis de donner une destination précise à des textes forts, incarnés, mais parfois difficiles à répertorier parce qu’ils ne relèvent ni du théâtre, ni du roman – il s’agit d’une forme brève et d’une parole d’abord à soi-même adressée. Cette collection convient aux adolescents et jeunes adultes parce qu’à cette période-là de la vie, les questions fusent, le besoin de confrontations et de vérité s’affirme, les curiosités et les émotions y sont plus à vif ; nous voulons avec ces textes soutenir la nécessité d’une parole libre, juste, forte, qui a sans doute beaucoup à voir avec la construction de soi.
Cassée
Une mauvaise chute de cheval et le sentiment pour Lily d’une vie qui s’effondre. De la joie à la douleur, de l’insouciance à l’abattement, l’immobilisation avec un bras dans le plâtre et la dépendance des autres. Des vacances fichues et un grand sentiment d’injustice. Mais dans la présence affective de son petit frère hémiplégique, comme par un effet de miroir, Lily puise patience et courage.
Chronique
→ Onlalu
Ma nuit d’amour
« Au moment de nous séparer, il se penche vers moi, mon coeur va exploser et il murmure à mon oreille la fameuse phrase qui s’infiltre dans tout mon être comme un poison : Bientôt, nous passerons toute la nuit ensemble toi et moi, et nous ferons l’amour. Je relève la tête. J’ai le corps à feu et à sang, j’arrête de respirer ». Elle a quinze ans, et jamais aucun garçon ne lui avait dit une chose pareille. Mais que faire de cette promesse maintenant ? Quand on promet une nuit à une fille, ça doit vouloir dire qu’on la désire vraiment, non ? Pourtant, sitôt dite, la phrase devient doute dans son esprit.
Elle a quinze ans et se trouve vraiment idiote ; Comment-a-t-elle pu croire que ce garçon de 21 pouvait s’intéresser à elle, avoir envie d’elle ? Pourtant il l’a dit, elle l’entend encore le chuchoter. Aucun garçon ne lui avait dit une chose pareille alors elle veut y croire même si elle l’a vu en embrasser une autre. Elle a tant et tant écrit dans sa tête le film de cette première nuit d’amour qu’elle refuse d’y renoncer.